Bioshock

Publié le par JSUL


Empathie


 
 

Bioshock n’est vraiment pas un jeu comme les autres... Bouleversant, traumatisant, techniquement éblouissant, le titre révolutionne d’abord le genre mais redéfinit l’approche vidéo ludique. Le studio américain 2K, père du fameux System Shock 2 livrent une oeuvre dense, complexe, pervers et intelligent. Le label “culte” est de rigueur.



On ne vous dit rien

Ni votre nom, ni ce que vous faites dans cet avion, ce jour de 1958. C’est à vous de l’apprendre. Toujours est-il que l’engin se crash en plein pacifique et que vous êtes le seul survivant. Perdu au milieu des décombres de l’appareil, vous vous réfugiez dans un phare, perdu au milieu de l’océan.
Cette bâtisse immergée, lugubre liaison entre la surface et la cité Rapture. Une grandiloquente mégalopole, utopie imaginée par Andrew Ryan, mégalomane et dictateur déchu. Rapture n’est plus que désolation et massacre. Une ruche malsaine convoitée, remplie de cadavres et de “chrosomes”.
Ces larbins de Ryan aussi dégénérés qu’agressifs, errent dans les quartiers de Rapture, à la recherche des souvenirs de leur vie passée. Condamnés éternellement à se droguer à l’Adam - une substance qui permet de changer son code génétique - ils cherchent désespérément les “Petites Soeurs”. Ces fillettes, génétiquement modifiées et conditionnées depuis leur naissance, ne se laisse pas facilement voler l’Adam qu’elle récolte. Chaque petite est accompagné d’un protecteur, terrible garde du corps, auquel il faudra forcément vous frotter.






Besoin de tout, envie d’Adam

Car, comme les habitants de la cité sous-marine, vous aurez, vous aussi, besoin d’Adam. Il permettra à votre corps d’augmenter ses capacités. Il est également générateur de pouvoir. Une dizaine s’offre à vous, tous plus innovants et jouissifs les uns que les autres. Ils seront indispensables pour survivre à la faune hostile de Rapture mais également utiles pour débloquer certains passages. Le pouvoir Incinération, qui porte judicieusement son nom, brûle les chrosomes - qui paniquent, transformés en torche humaine- et fait fondre la glace. L’Arc Electrique, autre exemple, peut immobiliser les ennemis et détraquer les appareils électroniques.
Car Rapture est truffé de système défensif, telles les caméras de surveillance, drones volants et autres tourelles sulfateuses. Fatales si on les affronte en feu direct, ces protections se révèlent être des alliés de choix...pour peu qu’on les pirate.








Pirate du Pacifique

Le piratage, dans Rapture, c’est une question de bon sens. Coffres, portes verrouillées, tourelles, caméras, tout peut être contourné à votre avantage. Les distributeurs (trousses de soins, seringue d’Eve - le carburant pour vos pouvoirs, munitions, etc.) piratés laisseront les objets 25% du prix initial.
Pour corrompre un système électronique, il faut passer par une interface spécifique, et résoudre un puzzle-game assez stressant. Casse-tête à base de tuyau à assembler, il vous fera aimer la plomberie. Prenant mais parfois lassant et fastidieux, le jeu old-school est néanmoins simple et amusant.
Surtout, le jeu en vaut la chandelle: les tourelles détournées cracheront leur balles sur les ennemis; les caméras, repérant un chrosome, lâcheront des drônes, etc. Ces derniers, lorsqu’ils sont en sommeil peuvent également vous accompagner, anges gardiens fragiles mais pratiques.



Se défendre, mode d’emploi

Car Rapture ne sera pas une visite de courtoisie. Les survivants, la plupart du temps aliénés et usés par la solitude, ne laissent aucun répit. Leur I.A. n’est pas ce qui se fait de mieux dans le monde du Jeu-Vidéo, mais lorsqu’ils sont nombreux, mieux vaut privilégier la tactique. En se servant des armes, du terrain et de vos pouvoirs. Un groupe d’ennemis vous encerclent? Lâchez des abeilles pour les distraire et abattez-les au fusil à pompe. De l’eau s’échappe d’un conduit et forme une flaque? Projetez vos watts et regardez-les trembler.
Les armes de Bioshock sont assez banales: on retrouve le classique pistolet, la mitrailleuse, le fusil, le bazooka et - ça devient une habitude depuis Half-Life - la clé à molette et l’arbalète. La véritable originalité réside dans ce que vous allez mettre dans le canon. Chaque arme dispose de différentes munitions (normales, perforantes - pour ce qui est mécanique - ou antipersonnel). Il faut donc s’adapter à chaque situation, sachant que les denrées sont rares à Rapture.






Rapture, ma merveille

L’immersion, dans Bioshock, doit beaucoup à l’incroyable univers créé par les studios 2K. L’action se déroule en 58, mais Rapture, imaginée dans les années 40, semble être figée dans le temps. Il n’est pas rare d’être bercé par Trenet ou Piaf ou de croiser des publicités au design kitsch du plus bel effet. L’architecture est tantôt baroque, tantôt futuriste. Les décors sont somptueux, intérieures grandiloquents, riches en couleurs et en détails surprenant (les objets, les références culturelles, etc.). On sent l’énorme travail de documentation. De la même manière que pour System Shock 2, les créateurs se sont surpassés pour imaginer dans les moindres détails, l’oeuvre d’un génie détraqué et ambitieux, fuyant le communisme, l'extrémisme et la montée du capitalisme. Il y a dans Bioshock une vraie projection des auteurs, un travail artistique hors du commun. Sans rire.






Fini de rire

Si, habituellement, l’univers est construit autour du joueur. Ici, le joueur semble graviter dans cette incroyable aventure. La force de Bioshock - et ce qui fait de ce titre l’un des meilleurs jamais conçus - c’est son pouvoir empathique. Le joueur a peur de mourir, il peut même avoir pitié des pauvres âmes qui déambulent, il frémit à la vue d’un protecteur. Le titre prend réellement en compte le libre-arbitre. Pour récupérer de l’Adam, par exemple, on nous laisse le choix de drainer les Petites Soeurs jusqu’à la mort, ou, au contraire, les sauver de leur triste état génétique. Le choix est cornélien. L’impression de faire partie intégrante de l’histoire est authentique.







Ses qualités narratives, visuelles, sa portée métaphysique et l’investissement émotionnel demandé au joueur font de Bioshock un chef d’oeuvre de finesse et d’inventivité. Le titre marque l’histoire vidéoludique par ses qualités intrinsèques, certes, mais ce n’est pas tout: il parvient à élever le Jeu-Vidéo, convaincre les allergiques et briser certains préjugés concernant ce qu’il convient de nommer, désormais, le 10e Art.



Sur Xbox360 et PC

Publié dans Jeux-Vidéos

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article