La Jeune Fille de l'Eau

Publié le par JSUL


Renaissance

Côté cour : une résidence, une piscine, des locataires atypiques. Côté jardin : une naïade qui se noie dans sa destinée, un quadrupède feuillu mangeur de créatures aquatiques (entre autres) et une assemblée de juge arboriforme. Au milieu : un concierge brisé et enfermé dans le deuil. Voilà le fabuleux monde du nouveau cru M. « Night » Shyamalan, sobrement intitulé La Jeune Fille de l’Eau.

 


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Après les fantômes (Sixième Sens), les super héros (Incassable), les extra-terrestres (Signes) et les humanoïdes porcins (Le Village), Shyamalan s’intéresse à une autre figure de l’imaginaire populaire : la nymphe. En mission révélatrice, pourchassée par une sorte de bête du Gévaudan, Story est recueillie par un gentil concierge bègue au cœur cassé. Ce dernier essaie de l’aider à se révéler et sauver l’humanité, à l’aide des divers habitants du pavillon, tandis que « Narf » Story le pousse à se sauver, lui. Un jeu d’échange, servie par l’utilisation d’une mythologie hybride inspirée de conte et de l’univers Shyamalanesque, joyeux bordel pourtant totalement cohérent à défaut d’être parfait.


C’est vrai, La Jeune Fille de l’eau tend le bâton. Avec Le Village, le réalisateur s’était déjà quelque peu éloigné du thriller fantastique qui avait fait son succès en offrant un film fantasque toujours conclu par une révélation ultime imparable. Il persiste, signant un conte en image à la limite de la caricature. Pourtant, Night inverse la vapeur, sert une mise en scène léchée et un cadrage qui semble être devenu une formidable marque de fabrique. Mieux, il se réinvente en conservant ses codes mais surtout sa sensibilité. Sensibilité d’ailleurs mis en valeur par le décidément surprenant Paul Giamatti et l’inhumaine Bryce Dallas Howard qui illumine d’une douce pâleur. Et puis, comment ne pas résister à cette double parabole: Survivre après le deuil (récurrent aux U.S.A. post- 11 septembre), et créer une œuvre susceptible de donner un but dans sa vie… et parfois refuser de mourir pour elle.

Si Shy- c’est plus rapide- voit peut-être les choses en 16/9e (à l’image de son personnage dans le film- dont je tairai le rôle), une telle distribution au service d’un conte devenu fable pour adulte, d’un touchant exercice de style cinématographique, est un ravissement. Et Shyamalan de prouver qu’il est bel et bien Auteur, aux côtés des Mann, Eastwood ou Burton, bâtisseur d’un nouvel age hollywoodien, machine à rêve et cauchemars d’antan, prête à se relever sur les ruines d’un cinéma sans âmes et sans héros.

U.S.A. De et avec M. Night Shyamalan. Avec : Paul Giamatti, Bryce Dallas Howard, Jeffrey Wright,... Genre: Fable/ thriller syamalanesque
Distribution : Warner Bros. Sortie : 23 Août 2006. Durée : 1h 49

Publié dans Cinéma

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