Sunshine

Publié le par JSUL


Coup d'éclat


2057, l’espèce humaine est menacée : le soleil meurt. Le vaisseau Icarus II, avec à son bord huit spécialistes (physiciens, ingénieurs, pilotes, biologistes), a pour mission d’envoyer une charge atomique au cœur de l’astre pour le faire exploser et créer ainsi une nouvelle étoile… Sunshine étant une expérience à vivre intensément, il est préférable de ne pas en dire davantage.





 

Sauver le soleil...

A première vue, en ce qui concerne le scénario, rien de neuf sous le soleil. Cependant, lorsque l’on sait que Danny Boyle réalise, on peut s’attendre à tout : du meilleur (Petits Meurtres entre Amis, Transpotting, 28 Jours Plus Tard) au pire (La Plage, Millions).

Il semblerait que le cinéaste ait désormais la tête dans les étoiles, ce qui lui réussit. Alex Garland, scénariste attitré se pose et pose la question suivante : « Qu’arriverait-il si le soleil venait à s’éteindre ? ». De ce postulat, Sunshine extrapole : « Pourrait-on le rallumer ? » mais au final: « Doit-on le rallumer ? ». C’est donc une véritable parabole métaphysique et mythologique qu’érige Danny Boyle sur le terreau aride du film classique de science-fiction. Et Sunshine d’éblouire.


… Et se brûler les ailes

A la manière de 28 jours plus tard où le réalisateur revivifiait le film de zombie, il inocule à la SF une certaine fraîcheur poétique. Si le film rappelle parfois 2001, l’Odyssée de l’Espace, c’est qu’il flirte avec le trip mystique ardent. Généreux en métaphores, le scénario d’Alex Garland transperce l’écran de milles rayons, sans trop de prétentions.

Le message écologiste est subtilement affiché à travers la serre du vaisseau. L’importance omniprésente de la sauvegarde des espaces verts est sublimée dans le seul fait de voir, dans l’espace, une pièce remplie de végétaux. Emprunté à la mythologie grecque, l’Icarus prouve l’obsession toujours plus grande de l’homme d’aller loin. Icarus II montre quant à lui cette mégalomanie humaine latente, cette volonté d’aller trop loin. Comme si tenir le soleil dans ses mains ne suffisait plus, mais que seul comptait le désir de le sentir brûler sa pupille, le visage défiguré par la jouissance du pouvoir de l’univers.


 

Canis Canem Edit (les chiens mangent les chiens)


Face à cette masse solaire, l’éternelle haine de l’humain pour ses congénères se réveille, décuplée. Celle-ci, à peine transcendée par la beauté du soleil, symbole du pouvoir, pousse les scientifiques de Sunshine à le haïr ou l’aimer à la folie.

Les acteurs paraissent abasourdis, parfois, dans ce flot continue de poussières d’étoiles. Pas de stars justement mais un Cyllian Murphy dont les yeux translucides venus d’ailleurs semblent trouver leur place dans l’espace.





Le malaise, le confinement de l’équipe, l’horreur des situations mais aussi l’émerveillement provoqués par notre Astre de vie sont habilement dirigés par Boyle, cadrage serré et penché. Les plans hasardeux, la vision floue guident l’action tandis que les plans serrés servent l’émotion, la panique ou la claustrophobie de certaines situations. L’ensemble est saisissant. Sunshine prend au tripes. Comme si ranimer le soleil en le détruisant de l’intérieur était réellement le salut ironique de l’humanité. C’est par la suite seulement que le spectateur exténué s’interroge sur la justesse de l’ambition d’une telle expédition. En attendant, Danny Boyle donne chaud, illumine, consume les pores du public et réalise un tour de force dont le retour de flamme est spectaculaire.

Jamais le soleil n’eût si grand rôle. Rarement au cinéma la nature n’avait botté les fesses de l’humain avec tant d’implacabilité. Danny resplendit et –le mauvais jeu de mot pour la fin- Sunshine mérite une nova-tion.

Publié dans Cinéma

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